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Israël et nous

Les partisans de la politique colonisatrice israélienne soutiennent que les personnes LGBT palestiniennes sont « jetées des toits » à Gaza et que les « queers pour la Palestine » sont des inconscients qui défendent leurs bourreaux, au lieu d’aduler Israël, phare de civilisation au milieu d’un océan d’obscurantisme islamiste.  Mais quelle est la réalité à Gaza, hormis le fait qu’aujourd’hui les Gazouis ont d’autres chats à fouetter que de jeter des gays par dessus les toits, du moins de ce qu’il en reste ? D’abord un point sur la législation : en 1948, année de la création de l’état d’Israël, la Palestine était sous mandat britannique et de ce fait elle a été soumise jusqu’à cette date aux lois britanniques qui pénalisaient l’homosexualité d’une peine de prison pouvant aller jusqu’à 10 ans de réclusion criminelle. Lorsque le mandat britannique a pris fin, la Cisjordanie a aboli tout le corpus législatif en vigueur jusqu’alors, sans toutefois adopter une législation particulière à l’égard de l’homosexualité qu’elle a tout simplement oubliée. À Gaza au contraire la loi britannique en rapport avec le sujet n’a pas été abolie. De facto, les personnes LGBT+ y restent des criminels, mais aucun procès officiel n’a été révélé jusqu’à présent. La société palestinienne n’est pas favorable à des modes de vie qui contrarient la morale religieuse et les textes, car pour l’Islam, il n’y a pas d’alternative à la famille patriarcale. Même chose pour le judaïsme et le christianisme. Les pressions intrafamiliales et communautaires interdisent toute affirmation personnelle qui seraient contraire au principe dominant. Lorsque par malheur une personne est reconnue ou même soupçonnée de « déviance sexuelle ou de genre » elle subit la plupart du temps du rejet, voire de la violence physique, et certaines d’entre elles trouvent refuge en Israël, souvent pays de première intention avant un départ vers d’autres destinations plus tolérantes. Israël a usé jusqu’à la corde son image de pays LGBTfriendly pour servir sa propagande anti-palestinienne. Cependant aucune  photographie ou vidéo servant à illustrer les exécutions d’homosexuels  à Gaza ne proviennent en réalité de ce territoire, mais le plus souvent d’Iran ou d’autres pays intégristes religieux. Par contre l’existence de persécutions morales et de violences physiques à l’égard des personnes LGBT à Gaza sont bien documentées (et aussi instrumentalisées par Israël), le meurtre à Hébron d’un Palestinien de Cijordanie par un membre de sa famille et attribué par la police israélienne à son homosexualité en constitue une horrible illustration. Rappelons aussi qu’à Gaza comme ce fut le cas ailleurs et à de nombreuses époques, les personnes LGBT sont considérées comme des personnes faibles et facilement manipulables par l’ennemi.
Du côté d’Israël le délit d’homosexualité a été aboli en 1988. Jusqu’à cette date elle était punissable d’amendes et d’emprisonnement.

Le film israélien « Alata » est un drame romantique qui relate la relation amoureuse entre un avocat israélien et un étudiant gazaoui devenu clandestin en Israël. Il met intelligemment en relief la difficulté d’être homo à Gaza et ceci sans céder à un pinkwahing de mise dans certaines réalisations. Par exemple les chantages exercés par le renseignement intérieur israélien, le Shin Bet, sur les personnes LGBT réfugiées pour obtenir des informations sur Gaza y sont parfaitement bien illustrés.

Dessin ci-dessous de Grégoire Carlé, pour le journal Libération.

alQaws est une association palestinienne LGBT+ millitant pour la diversité sexuelle et de genre dans la société palestinienne. Le siège de l’association est à Jérusalem, mais du fait de leur soutien à la cause palestinienne, et particulièrement depuis le 7 octobre, l’association fait partie des groupes particulièrement scrutés par Israël et considéré comme potentiel ennemi intérieur. Du fait de son engagement pour la défense de la cause palestinienne, l’association ne reçoit aucune subvention. Les militant.es d’alQaws sont interdits de sortie du territoire israélien, particulièrement pour éviter les contacts avec Gaza ou la Cisjordanie.

Israël n’est pas épargnée par les violences à l’égard des personnes LGBT. Il s’agit d’attaques homophobes perpétrées par des Juifs orthodoxes opposés pour certains à la politique anti-discrimination d’Israël, qu’ils jugent contraire aux lois religieuses. Par deux fois, en 2005 et 2015, la Pride à Jérusalem a fait l’objet d’une attaque à l’arme blanche, avec pour résultat de nombreux blessés, dont certains gravement, et le décès d’une jeune fille participant à la Marche de 2015. L’agresseur a été immédiatement arrêté, puis condamné à 10 ans de prison. En 2009 un homme avait ouvert le feu dans un centre LGBTI+ à Tel-Aviv, faisant deux morts et une quinzaine de blessés, un lieu qui déjà auparavant avait fait l’objet de tags homophobes en hébreu. Au sujet de cette dernière affaire, la police israélienne a exercé un black-out médiatique total, quoique les autorités aient quasi-unanimement condamné un acte homophobe. Les cercles religieux orthodoxes en Israël persistent à condamner l’homosexualité considérée comme une « abomination ».

Jean Stern journaliste, auteur de « Mirage Gay à Tel Aviv » était venu il y a 7 ans au Centre LGBTI+ pour une rencontre organisée par le C2L et 2MSG autour de son livre qui évoque le pinkwashing d’Israël. Pluriel Gay était présent. Cliquez dans le player ci-dessous pour (ré)écouter cette émission diffusée sur Radio Pluriel le 21 mars 2018.

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