Émissions Marche des Fiertés 2018

La marche des fiertés a connu cette année un regain de politisation, lui conférant une dimension militante qui paraissait l’avoir désertée au fil du temps. Et le recul des implications politiques et militantes des marches au profit d’une parade festive a souvent été l’objet de regrets ou de reproches (en est témoin le mot d’ordre de la Marche parisienne très contestée cette année). Il faut dire qu’à Lyon la conjonction de plusieurs événements en lien direct avec des enjeux sociétaux d’actualité a remis de l’huile dans le moteur.

D’une part un retournement de situation inattendu : après plusieurs années où la LGP de Lyon réclamait sans résultat le droit de passer par les quais de Saône côté Saint-Jean, la Préfecture quelques jours avant la marche a soudainement donné son autorisation sans plus de commentaires. Les années précédentes le prétexte du refus avait été le maintien de l’ordre et de la sécurité publics, prétexte qui était lié à la présence de plusieurs organisations d’extrême-droite dans le 5è arrondissement.

D’autre part l’affaire Fodé Moussa Camara, demandeur d’asile et militant de Aides à Nimes dont le départ de France avait été exigé par l’administration mais bloqué à l’aéroport de Saint-Exupéry par l’action de plusieurs militants LGBT : arrêté et placé en détention immédiate sous mandat de dépôt pour refus de quitter le territoire, le jeune homme était présenté à la justice quatre jours avant la Marche et le délibéré du TGI a suscité beaucoup d’indignation chez les défenseurs du droit des migrants et des demandeurs d’asile.

Enfin l’émergence de collectifs queers "racisés", inspirés des groupes féministes intersectionnels, et dénonçant l’homonationalisme tout autant que l’hétérosexisme, vient attiser des tensions dans le monde du militantisme LGBT traditionnel. La veille de la Marche, une Pride de Nuit a eu lieu dans le centre de Lyon à l’appel de ces collectifs, au même titre que ceux-ci avaient appelé à prendre la tête de la Marche du 16 juin pour donner de la visibilité aux spécificités des populations non-blanches au sein de la communauté LGBT.

Nous avons réuni ici les deux émissions que nous avons consacrées à la Marche lyonnaise de cette année.

Émission du 13/06 : la "before" dans laquelle nous recevions Olivier Borel de la LGP Lyon et avec lequel nous évoquions tous les points ci-dessus.

Émission du 04/07 : l'"after", avec 25 min. d’interviews menées par Esteban Obi Kang, vidéaste et photographe lyonnais, auprès d'associations présentes sur le Village associatif de la Marche de cette année.

Accompagnement musical : de circonstance !