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Demandez le programme : élections 2022 !

(Rédaction : Gérald Russo, au nom de toutes les émissions LGBTIQ+ de Radio Pluriel)

 

Dans moins de dix jours, c’est le premier tour des élections présidentielles, et la place qui revient aux questions LGBTI+ représente la portion congrue des thèmes abordés par les impétrant.es : il y a des sujets plus importants diront certains, alors que d’autres estiment probablement (et à tort) que tout est gagné.

Cependant nous croyons qu’il est très utile de rappeler où se trouvent les allié.es et où se trouvent les ennemi.es, tant parfois les codes sont brouillés : en effet il semble bien que 30% des personnes LGBTI+ pencheraient du côté obscur de la force, autrement dit de l’extrême-droite, selon certaines études. Parmi ces 30%, et toujours selon ces mêmes études, il s’agirait d’une majorité d’hommes gay cisgenres blancs. Alors quid des droits LGBTI+ dans la campagne électorale actuelle ? De façon générale, on peut dire que plus on va vers la droite de l’échiquier politique et plus les LGBTIphobies se renforcent, phénomène qui devient inversement proportionnel : plus on va à gauche et plus on se retrouve en terrain amical. Ce qui je crois ne va surprendre personne : la droite est traditionnellement opposée aux droits LGBTI.

Il y a encore beaucoup de candidat.es en 2022, pas moins de 12, réparti.es sur l’ensemble du spectre politique et la France est un des rares pays où on trouve encore des candidatures trotskistes ou communistes ! Il n’est pas inutile de noter que de ce côté-là la position a évolué avec le temps (jusque dans les années 70 l’homosexualité ne rentrait pas dans le champ d’action de la révolution prolétarienne, il y a eu des prises de position au Parti Communiste à ce sujet alors que les Trotskistes restaient plutôt silencieux, sans position officielle sur le sujet de l’homosexualité). Si le NPA comme LO se plient nolens volens aux règles de la démocratie représentative, les militant.es et les dirigeant.es croient encore à l’insurrection populaire qu’ils et elles appellent de leurs vœux, et la totale libération LGBTI+ ne se fera que par la révolution ! Du côté des communistes, la candidature de Fabien Roussel marque le pas sur le progressisme sociétal, certains y voient même le retour d’un certain conservatisme, mais grosso modo le PC continue à se déclarer en lutte contre toutes les formes de discriminations. Le candidat communiste souhaite rendre les parcours médicaux de transition remboursables par la Sécurité Sociale. C’est du côté des Insoumis et des Verts que l’on va trouver les propositions les plus affirmées. Ces deux partis ont d’ailleurs toujours été dans les combats politiques pour la défense des droits LGBTI. Pour sa part, Yannick Jadot a évoqué l’ouverture de la PMA aux personnes transes et la possibilité de discuter d’une GPA éthique, même si tout cela n’est pas écrit noir sur blanc dans son programme.

En ce qui concerne Jean-Luc Mélenchon, la GPA c’est niet, et pour les raisons souvent invoquées : les risques de marchandisation du corps des femmes. Mais il propose d’inscrire dans la Constitution l’inscription de la liberté du genre, aux côtés du « droit de mourir dans la dignité » et du « droit à l’IVG ». Chez Anne Hidalgo, on est plus circonspects. On vit un peu sur ses lauriers, celui d’un PS qui, comme parti de gouvernement, a historiquement ouvert la voie aux avancées des droits LGBTI. Mais il faut bien le dire le PS est depuis quelques années un parti moribond et Hidalgo en fait les frais. Ceci étant dit, la candidate socialiste revient sur le thème de la dépénalisation universelle de l’homosexualité, que la France portera si elle est élue, et compte bien faciliter le processus d’établissement de la filiation des enfants nés par GPA à l’étranger.

Le candidat Macron peut toujours se prévaloir d’une législature qui a enfin ouvert (même si partiellement) la PMA à toutes les femmes, qui a fait interdire les thérapies de conversion et ouvert le don du sang aux homosexuels. Mais son gouvernement reste dans une certaine ambigüité puisqu’on a vu (et entendu) Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation Nationale, vent debout contre les supposées théories « woke », avec des arguments qui ressemblent en tout point à ceux de Zemmour. De plus Emmanuel Macron est resté particulièrement discret sur les atteintes aux droits LGBTI en Hongrie lors de sa visite à Viktor Orbàn. Emmanuel Macron serait-il aussi libéral sur le plan sociétal qu’il l’est sur le plan économique ? On peut toujours se poser la question tant il oppose une fin de non-recevoir au sujet de la dépénalisation du cannabis, de la fin de vie assistée ou de la GPA. Valérie Pécresse quant à elle, candidate de LR, s’enlise sur les questions LGBTI (et pas seulement là-dessus) : lui rappelle-t-on qu’elle a parlé en 2012 lors d’une interview télévisée du démariage des couples de même sexe (elle était un soutien de la Manif Pour Tous avec laquelle elle a battu le pavé pour s’opposer à la loi Taubira) et voilà qu’elle a un gros trou de mémoire ou bien « je n’avais pas compris la question » dit-elle. Comment dire… Confierait-on le plus haut poste des institutions françaises à quelqu’un qui ne comprend pas ce qu’on lui demande ? Il faut néanmoins accorder à la candidate LR qu’elle ne tombe pas dans les délires de l’extrême-droite qui se complait à voir de la propagande LGBTI woke et décolonialiste un peu partout.  À ce sujet je récuse toute tentative de  graduation des positionnements des candidatures de l’extrême-droite, genre : l’un serait plus ou moins radical que l’autre…  Le Pen, Zemmour, Dupont-Aignant sont bien d’accord sur le fond, comme sur bien d’autres sujets d’ailleurs : pour elle et pour eux, l’homosexualité est au mieux anecdotique (on se souvient de Marine Le Pen disant en 2013 que les associations LGBTI sont un lobby ne représentant qu’elles-mêmes), elle appartient à la sphère du privé, quant à l’identité de genre, c’est une vue de l’esprit, un pur fantasme, voire une mode. Avec l’extrême-droite c’est retour à la case départ, dans le meilleur des cas ce sera retour dans le placard, je vous laisse imaginer le pire ! Apparemment les gays qui répondent aux sirènes de l’extrême-droite sont certains être à l’abri de tout retour de bâton. Espérons que la réalité ne viendra pas leur démontrer le contraire dès le  24 avril prochain !

 

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